dimanche 23 avril 2017

Scrutin à deux tours : le retour du président

En ce jour de premier tour des élections présidentielles, les limitations de notre mode de scrutin majoritaire à deux tours semblent évidentes. "Vote utile" plutôt que choix d'un programme pour la France, plébiscite d'un chef au lieu d'une vision du monde, "vote de barrage", une majorité systématiquement non représentée à la tête de l'état, les anomalies sont nombreuses.


De quel mal parle-t-on ?

L'élection présidentielle de 2002 illustre les défauts de notre mode de scrutin. Le vote de barrage du second tour aura propulsé Jacques Chirac, avec 80% des voix, à la tête d'un pays où 37,64% des électeurs soutenaient un candidat de gauche contre 30,63% pour la droite. 

S'il s'agit de comptes d'apothicaires, il n'en demeure pas moins que le choix des candidats pour le second tour, et le nom du vainqueur, aurait été différent si seule l'idéologie politique des candidats était prise en compte. 

Sans la menace Jean-Marie Le Pen au second tour, il est difficile d'imaginer que l'électeur de gauche ai trouvé judicieux de soutenir un programme de droite au second tour. Sans la division des candidats à gauche, Lionel Jospin aurait certainement été devant Jean-Marie Le Pen au premier tour, et le second tour aurait été totalement différent. 

Ce n'est donc pas la direction voulue par le peuple qui est sorti des élections, mais l'opposition à une autre direction qui a été choisie. La démocratie ne s'est donc jamais prononcé à la faveur du programme de Jacques Chirac en cette année 2002.

L'élection de 2012 illustre le même problème, la majorité des Français souhaitaient-ils un programme de gauche ou voulaient-ils empêcher la réélection de Nicolas Sarkozy ? Et combien même, 48% des Français ne seront finalement pas représentés à la tête de l'État par un François Hollande qu'ils n'ont pas choisi.

Voter pour le meilleur

La première chose qu'il semble pertinent de changer dans notre mode de scrutin est ce second tour, où une part de la population vote pour le moins pire des candidats encore en lice. Se contenter du premier tour n'est pas envisageable s'il faut nommer le seul candidat que nous voulons voir gouverner. En effet, il ne serait pas légitime, avec 20-30% des voix, et nous n'aurions pas l'assurance qu'il s'agirait du meilleur candidat possible.

L'une des propositions serait le jugement majoritaire à un tour. L'idée ici n'est plus de choisir un seul candidat, avec ses bonnes et ses mauvaises idées (et ses éventuels déboires judiciaires) mais de juger de notre niveau d'adhésion envers chaque candidat. Le candidat finalement choisit serait ainsi le plus consensuel. Le candidat que les électeurs trouveraient, globalement, le plus proche de leurs convictions. 

Illustration du jugement majoritaire, plus de 50% des électeurs ont donné la mention bien ou une autre plus positive à Jacques, Assez bien pour Marie et Pierre.
Jacques est le candidat qui est globalement le mieux jugé par les électeurs

Ce système présente ses propres limites, le candidat élu ne sera pas forcément celui qui aurait reçu le plus de vote dans notre système actuel, il pourrait aussi être celui qui présente la plus forte opposition  (A rejeter) ou le moins de très forte adhésion (Excellent). Mais il incarnerait le consensus des électeurs car il est un bon candidat pour plus de 50% de la population, un degré d'adhésion que n'atteignent pas les autres candidats.

Et si le meilleur reçoit la mention "insuffisant" ? Il sera alors temps d'envisager, comme dans les propositions de vote blanc majoritaire, un nouveau scrutin avec de nouveaux candidats. Si deux candidats ont la même mention majoritaire (comme Pierre et Marie en l'absence de Jacques), celui qui aura le plus de mentions plus favorables serait choisi : Pierre, car "bien" pour 40% des électeurs contre 30% pour Marie.


Cela resterait insuffisant

Il reste ici un problème, quel que soit le candidat élu, il sera toujours à rejeter pour une partie de la population qui ne sera alors pas représentée par le nouveau président. Cependant, ce problème de représentation des minorités dans la politique du chef de l'Etat est insoluble, seule l'élection d'un conseil plutôt que d'un individu pourrait contrer ce penchant de notre système électoral, mais ce n'est alors plus une question de scrutin.

4 commentaires:

  1. Coucou sociopaul tu nous à oublié?

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  2. N'ayant plus le temps de constituer des articles aussi denses, j'envisage un autre format de publication. Je reviendrais :)

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